SAN MICHELE DE MURATO

Le bus nous emmène pour la journée, dans le secteur de Murato, pour voir une petite église d'architecture romane, l'une des plus belles de Corse.?
Isolée, à 475 mètres d'altitude sur un plateau dominant les côtes à l'est et à l'ouest, elle était stratégiquement positionnée pour servir de point de rassemblement aux populations isolées des environs. Datée de 1140 environ, elle a été consacrée vers 1280. Elle fut édifiée alors que la Corse était gouvernée par Pise, d'où son style typiquement pisan.

Bicolore, reconnaissable par l'alternance de serpentine verte d'un grain fin facile à travailler et de calcaire blanc, assemblés en dessinant irrégulièrement des damiers et des zébrures, elle est semblable aux prestigieux édifices de Pise et à de nombreuses églises de Toscane.
La qualité des matériaux, une sorte de serpentine à grain fin à permis aux artistes de l'époque d'agrémenter l'ensemble de nombreuses sculptures. La pierre est locale, mais certains blocs proviennent d'un édifice antérieur.

L'église étonne par les divers motifs naïfs décorant les modillons, et les murs, par leur fantaisie et leur variété : homme et femme ainsi que divers animaux. On y trouve des allégories, tels sur le linteau de la porte les paons buvant à la coupe de Vie, celle-ci étant transformée en visage humain... Aussi, la main coupée des voleurs ou les ciseaux qui tranchent la langue des calomniateurs. Ces sculptures peuvent être rapprochées du rôle judiciaire et religieux (dont la robe et le livre des lois sont les attributs) qu'un tel édifice avait à cette époque, car il avait existé à un château avec peut-être un village fortifié... Certains supposent que les deux personnages encadrant le porche pourraient être les maitres du lieu - l'un avec une épée et l'autre avec la robe d'église...

L'édifice est ceinturé d'une frise formée de petites arcades décorées frises, d'entrelacs de serpents, et cernée d'un tore en forme de corde.
Sur chaque côté de la nef, comme à l'abside, les fenêtres ont forme de meurtrières, dont les linteaux, sont décorés de motifs délicats ou de scènes tel le péché originel, Eve et le serpent, ou la vigne et son travail.
Le clocher-porche carré soutenu par de lourdes colonnes a été surélevé au 19ème siècle et, disproportionné, il alourdit la chapelle

Le bourg serait le seul village du Nebbio à tourner le dos à la mer.
Murato prit part à la lutte pour l'indépendance, au XVIIIe siècle. Car Pascal Paoli y établit son quartier général et y battit monnaie.

Nous nous sommes arrêtés au col de Teghime, âprement défendu par des goumiers marocains, contre les soldats allemands en 1943 lors de la Libération.
On doit bien, au passage, une pensée à ces hommes qui ont donné leur vie pour que nous puissions vivre libres, aujourd'hui.

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