L'ART BAROQUE EN CORSE

Pendant des siècles, une série de potentats de divers pays, occupant ou gouvernant la Corse, se succédèrent à la tête de cette terre isolée. Jusqu'au 16ème siècle, révoltes populaires, révoltes de seigneurs alliés de Pise ou d'Aragon, razzias et grandes épidémies (peste au 14ème) se succédèrent.
Aux 16ème et 17ème s. Gênes, victorieuse et dans une période faste, fit ceinturer l'ile de tours et de forteresses et le renouveau religieux couvrit l'île d'églises. C'est alors qu'apparut "l'art baroque" utilisé par la contre-réforme catholique pour montrer la grandeur et la puissance de Dieu, art que l'on retrouve épanoui, au 18ème s.
Les caractéristiques de cet art baroque qui touche tous les domaines, sont une volonté d'impressionner. Par des tableaux grandiloquents, des colonnes torses, des autels de marbres de toutes les couleurs, des dorures et des staffs. C'est une exagération du mouvement, une surcharge décorative, des effets dramatiques, de l'exubérance, de l'étalage de la richesse. Cet art veut avant tout frapper l'esprit et l'œil du spectateur et l'émouvoir.

Construites sur des modèles italiens, les églises baroques de Corse n'en diffèrent guère : Que ce soit pour leurs façades généralement construites sur le même type qu'Evisa ou Ajaccio, etc. Ou par leurs clochers toujours plus hauts.
D'une nef gothique, parfois à peine transformée en baroque "simple" comme à Bonifacio, on eut vite fait de passer à un baroque nettement plus ostentatoire comme aux voûtes de Calvi et Calenzana.
Les autels de la plupart des églises doivent concentrer les regards des fidèles.
Enfin, la statuaire suivit le mouvement. "Les ensembles de figures prirent une importance nouvelle, il y eut un mouvement dynamique et une énergie portée par les formes humaines ; elles s'enroulent en volutes autour d'un tourbillon central, ou atteignent vers l'extérieur les espaces alentour."
La peinture ne resta pas en retrait, voir à Porto-Vecchio, la "Descente de Croix"
Certains oratoires de confréries sont carrément rococo, avec un déluge de dorures plus dignes de salons que d'une chapelle.

Nous ne devons jamais oublier que depuis le début de l'humanité, les Hommes se sont inventé des Dieux, et que pour ceux-ci, dont ils pensaient dépendre, ils ont toujours créé, pour les honorer, ce qu'ils avaient de plus beau et de plus durable. Même s'ils vivaient dans ce que nous considérons aujourd'hui comme, une vie simple.

Malheureusement, au 18èmes. ce fut la décadence de Gênes. Ruinée, mais toujours "propriétaire" de l'ile, elle ne put en assumer le redressement. La France fut chargée d'administrer la Corse en 1768, par délégation durant dix ans. Gênes étant dans l'incapacité de rembourser à la France les frais encourus (20.000 livres), l'île devint propriété française...
Par la voix de ses représentants à l'Assemblée Nationale, la Corse fut proclamée "partie intégrante de l'Empire français" en 1789.

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